Negotiating Co-Constitutive Crises
Questions de recherche
Question principale de recherche : Comment les expériences, analyses et stratégies des négociateurs et experts noirs, indigènes et PoC en matière de climat permettent-elles une compréhension plus différenciée des liens entre le racisme, la crise climatique et les hiérarchies dans la politique climatique à travers les niveaux structurel, institutionnel et interpersonnel ?
En répondant à cette question, le projet de recherche permet d'aborder les sous-questions suivantes :
- Quels sont les enseignements actionnables de ces expériences et stratégies pour le plaidoyer en faveur de la restructuration ou de l'intervention dans les négociations sur le climat et la politique climatique multilatérale de manière à garantir que les perspectives du BIPoC soient pertinentes ?
- L'analyse de ces expériences ouvre-t-elle de nouveaux horizons pour l'action décoloniale, l'autonomisation et la solidarité entre les positions BIPoC pour contrer le racisme dans les politiques et les négociations climatiques ?
- Quels enseignements pertinents peuvent être tirés pour le plaidoyer dans le cadre de la préparation de la COP 26 ainsi que de ses suites ?
Résumé
Alors que le racisme est de plus en plus reconnu comme un élément constitutif de la crise climatique actuelle et que les modèles impériaux dans le processus de la COP ont été analysés et critiqués, il y a un manque de recherche qui se concentre sur les façons dont les négociateurs climatiques et les experts qui sont noirs, indigènes et/ou de couleur vivent la dynamique co-constitutive du racisme et de la crise climatique dans le contexte des négociations climatiques et de l'élaboration de la politique climatique internationale et multilatérale. Le projet comble cette lacune en analysant les expériences des négociateurs et experts climatiques du BIPoC, dont le point de vue est unique en ce qu'il permet de combiner les dynamiques structurelles, institutionnelles et interpersonnelles du racisme dans les négociations et les politiques climatiques. Leurs expériences, analyses et stratégies sont recueillies par le biais d'entretiens avec des experts et de groupes de discussion qui seront analysés à l'aide d'un codage qualitatif. Le projet vise à générer un aperçu empirique des rouages du racisme tel qu'il est vécu et des contre-stratégies telles qu'elles sont conçues par les négociateurs climatiques et les experts en politique climatique du BIPoC.
Aims
L'objectif du projet de recherche est de générer un aperçu empirique des travaux du racisme et des contre-stratégies du BIPoC dans la politique et les négociations climatiques à travers une analyse structurée des expériences des négociateurs et des experts du BIPoC sur le climat. Cela permet de mieux comprendre les mécanismes d'exclusion, la dynamique, la normalisation et la contestation du racisme, ainsi que le potentiel des pratiques des négociateurs et des experts du BIPoC en matière d'action décoloniale, d'autonomisation et de solidarité entre les différentes positions du BIPoC. Les interviews d'experts et les focus groups permettent d'explorer les similitudes ainsi que les différences intra- et intergroupes dans les expériences, les analyses et les stratégies d'un groupe diversifié de négociateurs et d'experts climatiques noirs, indigènes et PoC, où les contextes à partir desquels et pour lesquels ils négocient, ainsi que l'intersection de hiérarchies sexuées, racialisées, classistes et géographiques les placent différemment face aux lieux de pouvoir dans la politique climatique. Le projet vise à apporter un éclairage sur leurs expériences et leurs stratégies à l'analyse et au plaidoyer sur les négociations et les politiques climatiques, en prenant le point de vue unique des négociateurs et experts climatiques du BIPoC comme point de départ pour une critique, des stratégies et une solidarité accrues.
Le projet s'aligne sur le cluster de recherche 1 du GPN sur le partenariat dans la coopération au développement : accès, responsabilité et participation profonde. Il identifie les dynamiques qui excluent le partenariat, empêchent l'accès, empêchent la responsabilité, tout en contribuant à la critique et en explorant les expériences et les stratégies qui peuvent permettre et approfondir la participation. En se concentrant sur les expériences des négociateurs climatiques du BIPoC en matière de racisme dans la politique et les négociations climatiques ainsi que sur leurs stratégies, le projet intègre des perspectives sur les continuités coloniales et leurs liens avec les hiérarchies contemporaines dans la politique climatique multilatérale ainsi que les contestations de la politique climatique.
Portée
Le financement du GPN permettra d'effectuer une analyse politique sur le chemin de la COP 26, qui informera la mise en place d'entretiens d'experts et de groupes de réflexion avec les négociateurs climatiques et les experts du BIPoC. Le champ d'application est limité aux domaines politiques identifiés comme les plus pertinents pour la COP 26, qui seront ensuite affinés par des choix topiques effectués par les experts interviewés et les groupes de discussion des négociateurs climatiques du BIPoC. L'analyse qualitative fournira des informations plus détaillées sur les expériences des négociateurs et des experts du BIPoC en matière de racisme dans les négociations et les politiques climatiques, mais elle permettra également d'élucider leurs stratégies pour contrer le racisme, pour l'autonomisation et la solidarité.
Les résultats prévus sont un document de position de plaidoyer Earthlive, un document de travail académique et des préparations pour la soumission d'un résumé pour un article de journal académique.
Revue de littérature
Alors que le racisme et la crise climatique ont de plus en plus été identifiés comme étant co-constants (Moore 2015 ; Pulido 2018 ; Vergès 2017), la littérature existante aborde principalement les dimensions historiques, conceptuelles et structurelles de cet enchevêtrement (Baldwin et Erickson 2020). Le projet proposé comble un manque dans la littérature en reliant ces critiques structurelles et institutionnelles aux expériences des négociateurs et des experts du BIPoC sur le climat, dont le point de vue est unique en ce qu'il permet de combiner les dynamiques structurelles, institutionnelles et interpersonnelles du racisme dans les négociations et les politiques climatiques multilatérales.
Il le fait en s'appuyant sur des ouvrages démontrant que la crise climatique ne peut être pleinement comprise sans prendre en compte les continuités coloniales manifestes et les hiérarchies racistes intégrées dans les relations homme-nature occidentales où, en tant que continuité abidante d'une dynamique coloniale, les BIPoC sont relégués au domaine d'une nature à dominer (Plumwood 1993, 2005). Ces hiérarchies racistes sont encore plus développées dans les analyses du système international (Grove 1998 ; Grovogui 2016), de la politique climatique (Sealey-Huggins 2018) et des dynamiques impériales dans le processus de négociation de la COP où des "tactiques de harcèlement" (Sealey-Huggins 2017, 2449) contre des nations autrefois colonisées ont été documentées et analysées (ibid.). Le projet contribue à une compréhension et à une intervention décoloniales face à l'injustice climatique raciste (Pulido and De Lara 2018). Il s'appuie sur une tradition radicale noire qui lie la justice climatique et la justice raciale en soulignant qu'elles ne peuvent être atteintes qu'en tandem (Johnson 2020 ; Johnson and Wilkinson 2020).
Méthodologie
La méthodologie comprend l'analyse politique des politiques climatiques pertinentes susceptibles d'être abordées dans le cadre du processus de négociation de la COP 26. L'analyse de ces politiques dans le cadre de la préparation de la COP informe des entretiens avec des experts et des groupes de discussion. L'analyse qualitative rétrospective, qui est une combinaison réflexive de codage interprétatif inductif et déductif, est ensuite utilisée pour analyser les entretiens et les groupes de discussion (Glynos et Howarth 2019 ; ten Have 2004). Le codage qualitatif collaboratif sera effectué à l'aide du logiciel open source QualCoder (Curtain 2020).
L'analyse des politiques se fonde sur un échantillonnage et une sélection positifs de documents politiques et est informée par des approches d'analyse de contenu, des combinaisons analytiques émergentes de perspectives critiques de la race avec des perspectives post- et décoloniales (Meghji 2020). Cette analyse informe la rédaction de questions et d'impulsions pour au moins 4 interviews d'experts et, de préférence, 4 à 6 groupes de réflexion. Les nombres d'entretiens et de groupes de discussion sont donnés par tranches afin de permettre une certaine flexibilité en ce qui concerne la planification, la composition des groupes et le choix des entretiens ou des groupes de discussion pour les participants potentiels. Le projet vise un minimum de 7 entretiens ou groupes de discussion distincts.
Les entretiens d'experts et les focus groups suivent une approche collaborative d'élucidation et de "safe and supportive spaces" (Kamberelis et Dimitriadis 2013). Cela signifie que les groupes de réflexion seront menés par des chercheurs du BIPoC et suivis par des BIPoC qui sont désavantagés par le racisme de différentes manières tout en partageant le privilège et la charge d'être impliqués dans les négociations de la COP et/ou la conception, la mise en œuvre et l'évaluation de la politique climatique. Un tel espace est offert dans le but de favoriser une atmosphère dans laquelle les dynamiques racistes de la crise climatique et de la politique climatique peuvent être discutées plus ouvertement. Bien que contingents et en aucun cas au-delà des hiérarchies intra- et intergroupes, ces espaces de focus group constituent néanmoins des articulations synergiques qui permettent à la fois la discussion et la réflexion sur les expériences et les différences collectives intra- et intergroupes. Au-delà des deux, ils permettent d'appréhender les modèles d'exclusion, de marginalisation et de normalisation du racisme climatique, ainsi que le potentiel de contre-stratégies et de solidarité. La composition des focus groups a également une composante éthique, car la recherche sur le racisme doit limiter la dynamique de la simple retraumatisation et chercher au contraire à ouvrir un espace de réflexion, de validation et de stratégie proactive (Mizock et al. 2011).
Les nouvelles approches des groupes de discussion en ligne soutiennent et permettent la création d'un espace d'accueil en ligne (Lobe 2017), ce qui est important en raison à la fois de la crise COVID en cours et de l'impraticabilité de rassembler les enquêteurs et les participants dans un même lieu.
Les contacts avec les participants potentiels seront établis par le biais d'un réseau de trois organisations de la société civile qui collaborent sur un programme de sensibilisation au racisme et à la crise climatique. Le partenariat comprend l'APRI (Africa Policy Research Institute, un groupe de réflexion de la diaspora africaine en formation à Berlin) et les ONG One Resilient Earth (Berlin et New York) et Climate Leadership Initiative (Londres). En outre, le collaborateur de recherche Imeh Ituen fait partie de réseaux qui comprennent des acteurs de longue date de la COP et de la société civile du Nigeria, du Kenya, de l'Afrique du Sud et des États de l'île du Pacifique qui peuvent être contactés et invités à participer.
Critères de réussite
Critères de réussite :
- Analyse politique de sujets pertinents pour les négociations de la COP
- 4 interviews d'experts avec des négociateurs et/ou des experts du BIPoC sur le climat (minimum)
- 3-6 groupes de réflexion avec des négociateurs et/ou des experts du BIPoC sur le climat
- Analyse qualitative rétrospective des entretiens et des groupes de discussion
- Collaboration conceptuelle et analytique entre les partenaires du projet pour rendre les résultats communicables dans des contextes de plaidoyer, de politique et scientifiques
Productions :
- Document de position d'Earthlive Afrique du Sud sur la COP qui intègre une partie des résultats et de l'analyse.
- Publication scientifique