Post-Development as reactionary populism

Titre complet


Le post-développement comme populisme réactionnaire ? La production de connaissances anti-hégémoniques dans les partis de droite et les think tanks en Allemagne


Informations générales


Coordinateur du projet :
Prof. Dr. Aram Ziai, Université de Kassel


Chargée de recherche :
Sara Madjlessi-Roudi


Partenaire de recherche principal :
Prof. Dr. Sally Matthews, Université de Rhodes


Cluster de recherche :
Partnership in knowledge production : Eurocentrism & alternative knowledge


Mots-clés :
Post-Development, nationalism, populism, knowledge production, Eurocentrism


Question principale de recherche

En quoi existe-t-il un chevauchement entre la théorie de l'après-développement et la production de connaissances anti-hégémoniques sur les relations Nord-Sud et la politique de développement par les partis et les groupes de réflexion de droite en Allemagne ?


Résumé

Le post-développement a généralement été considéré comme une approche de gauche de la théorie et de la politique du développement, dénonçant l'eurocentrisme et les rapports de force entre le Nord et le Sud et arguant que la promesse du 'développement' a été utilisée pour légitimer la reproduction d'une division coloniale du travail dans une économie mondiale capitaliste. Certains auteurs post-développement ont remis en question les projets de 'développement' et de modernisation, soulignant la valeur de la culture indigène, une réorientation vers les économies locales et l'agriculture de subsistance. Récemment, ces idées post-développement ont été reprises par des partis de droite, des groupes de réflexion et des groupes de la société civile en Allemagne qui s'opposent à l'hégémonie occidentale. Le projet cartographie les similitudes et les différences entre leur production de connaissances et les théories post-développement, contribuant à des lignes de démarcation différenciant les alternatives de droite de celles de gauche.


Aims

Dans les partenariats mondiaux en matière de production de connaissances, les approches post-développement sont souvent décrites comme des alternatives anti-occidentales et anti-hégémoniques. En s'attaquant à la production de savoir alternative et anti-hégémonique dans le domaine du 'développement', l'objectif du projet est d'explorer et d'affiner la division entre une forme de post-développement qui peut être appropriée par des forces de droite pour des stratégies nationalistes et autoritaires et une autre forme qui ne le peut pas. Cela contribuera à empêcher les partenariats mondiaux dans la production de connaissances d'être détournés par des acteurs de droite.


Portée

Le projet vise à étudier la question de recherche en se concentrant sur l'étude de cas de l'Allemagne, où les acteurs de droite se sont récemment établis comme des acteurs importants dans le système politique. Toutefois, dans le cadre de projets ultérieurs, il serait intéressant de développer une perspective comparative et d'étudier les approches post-développement de droite en Inde, en Afrique du Sud ou dans d'autres pays partenaires du GPN.


Méthodologie

Le projet se penchera sur les concepts et les théories des PD et sur l'analyse empirique des documents des partis de droite, des think tanks et des organisations de la société civile concernant les relations Nord-Sud, l'inégalité mondiale et la politique de développement. Ces documents seront des discours, des plateformes de partis, des motions, des manifestes et des blogs. Les acteurs à analyser comprennent l'AfD, l'Institut für Staatspolitik, Ein Prozent, les Identitaires et le NPD. L'analyse sera basée sur l'analyse critique du discours (Wodak, Jäger).


Revue de la littérature

Nanda (1999) et Brass (2000) ont souligné qu'en Inde, les approches post-développement (PD) ont été adoptées par des paysans affluents comme idéologie mobilisatrice pour poursuivre leur intérêt de classe et s'éloigner des conflits entre les propriétaires terriens et les travailleurs sans terre en se concentrant sur les conflits entre les paysans indiens (une catégorie comprenant les deux groupes) et les entreprises agricoles occidentales ou, en général, la culture occidentale et la culture indienne. En se basant sur ce point de vue, mais en notant que tous les PD ne tombent pas dans ce piège, Ziai (2004) a fait la distinction entre le PD néo-populiste et le PD sceptique, conduisant à des conséquences politiques réactionnaires et radicalement démocratiques respectivement. Les critères de cette distinction ont été la romantisation des cultures traditionnelles et des communautés locales, le rejet total de la modernité, le concept statique de culture, et la promotion d'un retour à l'agriculture de subsistance. Cette différenciation sera appliquée, explorée et affinée dans le cadre du projet. Dans le contexte du Nord global (Allemagne), elle doit être complétée par une autre critique importante de DP articulée par Matthews (2017) : que les arguments de DP de l'eurocentrisme et de la différence culturelle peuvent servir à dénier les aspirations à l'égalité matérielle, surtout à une échelle globale, qui sont généralement encadrées en termes de 'développement'.

Ouvrages cités :

Brass, Tom 2000 : Peasants, Populism and Postmodernism. Le retour du mythe agraire. Londres : Frank Cass.

Matthews, Sally 2017 : "Colonised minds ? Post-development theory and the desirability of development in Africa." Third World Quarterly 38 (12), 2650-2663.

Nanda, Meera 1999 : "Who Needs Post-Development ? Discours de la différence, révolution verte et populisme agraire en Inde". Journal of Developing Societies 15 (1) : 5-31.

Ziai, Aram 2004 : "The Ambivalence of Post-Development : Between Reactionary Populism and Radical Democracy." Third World Quarterly 25 (6) : 1045-1060.